Née en 1992, Anne-Sophie Auclerc a suivi des études en arts graphiques et en photographie à l’École Estienne puis aux Gobelins. Elle vit actuellement entre Paris et Lannion où elle développe un
travail documentaire autour de l’intime. De 2015 à 2019, elle privilégie des créations multimédias en collaboration avec des musiciens, un développeur et un vidéaste. En 2020, elle commence à travailler avec
la graphiste Joanna Spadiliero autour d’un projet commun d’édition, intitulé Rouge dans la rétine. Ce livre transpose l’un de ses projets interactifs Rouge dont elles ont extrait le roman photo et une partie des textes. Cette première auto-édition Ann et Jo sera nominée en 2022 lors des Multiple Art Days. En 2021, sa série Il est déconseillé
de se baigner dans un lac lors d’un orage est exposée par le Festival Circulation(s) au Centquatre à Paris puis en Arménie dans l’exposition collective Vivants ! En 2022, le centre d’art L’Imagerie l’invite pour une résidence de création dans les Côtes d’Armor. En lien direct avec le flux de la pensée, la saturation, la surcharge émotive et le lâcher-prise, elle conçois des narrations dont l’interprétation reste ouverte.
La décontextualisation et le dialogue texte/ image jouent en ce sens un rôle essentiel. L’intime dans sa dimension collective et le corps occupent une place centrale dans son travail : comment comprendre l’autre et ses sensations, comment en rendre compte et qu’est-ce que cela nous dit sur le monde ?
Dans son œuvre exposée, provenant de la série Il est déconseillé de se baigner dans un lac lors d’un orage datant de 2019, l’artiste interroge le désir de traverser un lac en pleine tempête. Est-ce ce « désir de chute », évoqué par Milan Kundera en parlant du vertige ? Cette série traite de la tension qui pousse à flirter avec la mort pour se sentir vivant. Pour capter les marques de cette énergie sur le corps, l’artiste a photographié des personnes ayant sauté à l’élastique depuis une hauteur de cent quatre-vingts mètres. Leurs expressions témoignent d’une ivresse, d’un abandon et d’une extase liés à l’approche dangereuse d’une zone de contact qui fascine et envoûte.
